Les Collages de François Prevot

Exposition du 28 fevrier au 4 avril 2017

Décomposer / recomposer ! Déstructurer / restructurer !

…pour donner une autre vision : l’œil ou la fenêtre, symboles du passage entre ce que l’on voit et ce que l’on pense, entre le réel et la pensée.

La mise en œuvre d’un collage consiste pour moi à sélectionner des «matières» visuelles, les déchirer, les dissocier, les combiner avec d’autres tout en élaborant une composition qui évolue au cours de sa réalisation. En prélevant dans le flux produit par  notre imaginaire collectif, notamment dans les surabondantes et omniprésentes pages publicitaires, je défais, pour refaire.

C’est cette expérience que je présente à l’Atelier HB DESIGN, à l’invitation de Frédérique Coëlho da Silva. Cette exposition à Aix en Provence, précocement ancrée en 2017, est l’occasion de rendre un hommage en forme de clin d’œil à Marcel Duchamp. En 1917 à New York,il présentait au comité d’accrochage du Salon des artistes indépendants, dont il faisait lui-même partie, un objet manufacturé qui postulait au statut d’œuvre d’art.

Cent ans déjà. Fountain, signé sous le pseudonyme de Richard Mutt, après polémiques et controverses, fut finalement écarté par ce comité.Le principe fondateur du Salon, ne refuser aucune œuvre, trouvait là une limite qui sera autant de publicité faite au ready made. Innovation radicale, l’urinoir passe à la postérité et constitue aujourd’hui un des repères fondamentaux du changement de paradigme qu’opère l’art contemporain.

 

A travers ce geste, Duchamp nous demandait de réfléchir à ce qu’est une œuvre d’art, à la place qu’on lui donne, au rôle de l’artiste dans ce qu’il donne à voir et ce que l’on accepte de regarder.

Bien avant lui, les primitifs flamands avaient en leur temps bouleversé la place de l’œuvre d’art dans la société, son rôle, ses codes.En intégrant la devotiamoderna (Dévotion privée), ils ont fait entrer la peinture dans la sphère privée,conférant ainsi au tableau son statut d’œuvre d’art.Le tableau définit un cadre pour le regard porté par l’artiste sur la société contemporaine.Dans cet art résolument moderne, les fenêtres et les miroirs représentés fonctionnent comme des seuils qui permettent de révéler une l’intériorité . L’œil et le regard des modèles sont autant de fenêtres de l’âme, et par un effet miroir, inaugurent un point de passage entre le réel et l’âme…du spectateur, du commanditaire du tableau, ou du peintre lui-même.

 

A travers le recyclage du papier de nos magazines, mon geste de déchireur et de colleur  s’intercale entre la vie actuelle standardisée, et la nécessaire audace de tout réinventer. Ces morceaux d’images parlent à notre inconscient, puisque d’une manière ou d’une autre, ces images, nous les connaissons. C’est pourquoij’ai souhaité travailler sur ce principe fondamental : œil / fenêtre / miroir, points de passage entre le réel d’un côté, et la pensée de l’autre.

François Prévot

 

 

03-03-2017 > 30-04-2017